Le sommeil
Prendre racine? ou Faire rhizome
Racine: Organe généralement souterrain des plantes vasculaires, qui les fixe au sol et qui assure leur ravitaillement en eau et en sels minéraux, Ce qui est à la base, à l'origine de quelque chose, Lien solide, attache profonde à un lieu, un milieu, un groupe .
Rhizome: Tige souterraine généralement horizontale de certaines plantes vivaces, remplie de réserve alimentaire qui porte des racines et des tiges aériennes.
"Nous construisons pour dormir des cités dortoirs; des appartements pour se chauffer, manger aussi, les pieds sous la table ou devant le foyer, pour lire le journal, faire l'amour, se poser, se reposer. Maison, lieux de fixité, où l'humain, comme une bête, s'arrête. Habiter, rester, stationner; habitat, demeure, séjour. Plus ou moins immobile, Homo ne chasse plus, ne transporte plus de blé, de sable ni de message. Hermès, enfin, dépose ses ailes et s'allonge, alangui, dans le temple de Vesta. Dans l'habitat, le mouvement laisse place au repos. Plus ou moins immobile, l'animal mobile se transforme en plante, elle -même plus ou moins fixe." Michel Serres
Le sommeil, lieu et temps de s'allonger, dans le sens de passer à l'horizontale ou de s'étirer, grandir, étirer ses racines, se répandre. "Soyez herbe et non pas arbre"
En prenant cette position statique et dynamique, ne plus être un seul, arbre, vertical mais multiplicités, horizontal, lié aux autres corps par le sommeil. "Ne soyez pas un ni multiple, soyez des multiplicités".
Lieu et temps ou je me redéfinis en tant que personne mais aussi où je me relie aux autres êtres humains, notamment dans les rêves ou les cauchemars; proches (vivants ou morts) ou inconnus, qui prennent la même position que moi. Espace social par excellence. Le lieu ultime de la rencontre avec l'autre. Rencontre qui s'impose à moi, que je choisis pas. Parfois dérangeante, plus crue, parfois folle mais finalement plus vraie?
Lieu et temps de partir en voyage immobile. Accepter la nécessité de prendre la route. "Faites la ligne et jamais le point !" Monde de la découverte et non énoncé de principes. Rentrer par le milieu, pas par le début. Ne pas penser par chapitres
Lieu et temps de digérer les émotions passées, souvent déclenchés par des évènements de la journée passée pour mieux anticiper celles à venir. Prendre soin de chacune des fibres qui nous constituent. Temps du végétatif, de la digestion.
Lieu et temps de faire le tri entre ce que le corps veut garder pour se construire et ce que je veux jeter à la poubelle. Refaire ma carte, ma cartographie dans toute sa complexité, qui fait mon individualité.
Faites rhizome et pas racine
Ne plantez jamais, ne semez pas, piquez
Ne soyez pas un ni multiples, soyez des multiplicités
Faites la ligne et jamais le point. La vitesse transforme le point en ligne. Soyez rapides, même sur place. Ligne de chance, ligne de hanche, ligne de fuite.
Ne suscitez pas un Général en vous. Ayez des idées courtes. Faites des cartes, et pas des photos ni des dessins.
Gilles Deleuze, Rhizome
Le rhizome est une célébration de la pensée en réseau, il est transversal, tentaculaire et nomade, contrairement à la racine, unique et sédentaire. Comment le rhizome peut-il nous aider à penser le monde ?
Deleuze et Guattari distinguent le rhizome de la racine. La racine est une plante qui se développe suivant un axe vertical, c'est un système arborescent avec un haut et un bas qui suscite l'image philosophique du fondement et de la hiérarchie. Au contraire, le rhizome est un type de plante qui prolifère de manière horizontale. Les systèmes rhizomatiques comme les pommes de terres ou le manioc forment des systèmes qui sont dépourvus de centre et de fondement. Ils sont anarchiques.
Le modèle n'est pas la racine mais le rhizome, pas l'arbre mais l'herbe
Veille=arbre
Sommeil=herbe (L'herbe pousse par le milieu?)
Multiplicité. Pas de principe, pas de début, pas d'unité. S'abandonner à la multiplicité
Faire le mort pour ne pas mourir
"Le réseau ne désigne pas seulement une manière de lier différents éléments entre eux mais aussi un résultat : les fils s’entrelacent et forment un tissu. Pour tisser l’étoffe du réel. Donne vie à quelque chose qui d’existerait pas sans lui". Diderot
Produire une singularité ou dissoudre la singularité
(un atome remue le monde ; rien n'est plus vrai ; cela l'est autant que l'atome remué par le monde )
Se relier à son propre réseau et se mettre en réseau avec les autres. Le sommeil espace des retrouvailles avec soi et avec l'autre.
"Deviens ce que tu es". Poète lyrique grec Pindare (5ème siècle av.JC):
Giuseppe Penone
Voir dans le sommeil, une façon de devenir plante
Rhizome: Tissu de liens parfois anarchique et qui peut être arborescent. Assemblages, agencements. Enroulement de fibres.
Plantes à rhizome pour la sommeil: Valériane
La théorie la plus répandue est que le rêve serait un mécanisme permettant de simuler les évènements menaçants et finalement de mettre à l’essai les moyens possibles dont on dispose pour les éviter ou y survivre. Ainsi, les rêves auraient contribué au succès de nos ancêtres sur le plan de la survie et de la reproduction en renforçant leurs compétences sociales pendant leur temps de sommeil. Les rêves seraient une forme de thérapie nocturne qui aiderait à absorber et à intégrer les expériences émotionnelles personnelles, surtout négatives, dans la sécurité du sommeil. À ce titre, les rêves peuvent être considérés comme un mécanisme naturel de gestion du stress et de régulation émotionnelle.
Pour Michel Jouvet le sommeil paradoxal et le rêve auraient pour fonction de reprogrammer nos comportements, qui selon lui sont génétiquement programmés dès la naissance. Le sommeil paradoxal effacerait donc l'influence des émotions et agirait comme un substitut de la neurogénèse
"J'ai proposé d'expliquer la fonction du rêve en considérant le fait que sommeil paradoxal apparaît chez les homéothermes au moment où cesse la neurogenèse, c'est-à-dire l'organisation génétiquement programmée du système nerveux central, alors que chez les poïkilothermes, les animaux à sang froid, il n'apparaît pas parce que la neurogenèse ne s'interrompt pas. Prenez une carpe de 60 ans, son cerveau se divise encore. Chez les homéothermes au contraire, passé le 2 le jour pour le raton et le chaton, et le 3e mois pour l'homme, toutes les cellules nerveuses cessent de se diviser. Autrement dit, chez les animaux à sang chaud, il n'existe aucun système neuronal d'entretien des données héréditaires contenues dans les cellules nerveuses. D'où mon hypothèse que le sommeil paradoxal aurait pour fonction de relayer la neurogenèse, en assurant la programmation génétique de l'individu"
« Rappelons que le cerveau est plastique, il est capable d’apprendre en permanence. Le terme d’individuation signifie que nous nous modifions tout au long de notre vie, que nous devenons de plus en plus différents les uns des autres. Je crois que dans le domaine de l’assimilation c'est-à-dire l’apprentissage, la mémoire [[Le sommeil paradoxal jouerait un rôle dans la fixation de l’information. Mais actuellement seules des corrélations ont été faites, aucune étude ne le prouve scientifiquement.]], le sommeil paradoxal et notamment le rêve jouent un rôle dans l’individuation ».
Le fonction du rêve serait une reprogrammation neurologique destinée à préserver chez l'individu, l'hérédité psychologique à la base de la personnalité.
Le terme d'individuation signifie que nous nous modifions tout au long de notre vie, que nous devenons de plus en plus différents des autres. Le sommeil paradoxal et notamment le rêve jouent un rôle dans l'individuation. Le rêve nous permet-il d'être chaque jour un peu plus uniques?
"Le rêve constituerait ainsi une répétition in utero ou pendant le sommeil des nombreux mécanismes intégratifs et moteurs qui sous-tendent ensuite les comportements innés (ou instinctuels), qui apparaissent à chaque étape du développement de l'individu : comportement post-natal (recherche de la nourriture), répertoire du chant des oiseaux chez qui ce répertoire est inné, comportement d'agression, de défense du territoire, de marquage du territoire, comportement sexuel, etc. Le rôle du rêve (ou du sommeil paradoxal) serait ainsi de préparer, d'organiser et de programmer les séquences motrices selon les étapes du développement historique du système nerveux afin que celles-ci soient parfaitement au point lorsque les conditions du milieu extérieur et intérieur sont adéquates. En somme, le rêve représenterait au niveau de l'organisation motrice des comportements innés ce que les événements épigénétiques sont pour la maturation des systèmes sensoriels. On comprend que le sommeil paradoxal constitue le cadre idéal pour qu'une telle programmation genétique ait lieu. D'abord ce phénomène est presque permanent in utero, au moment de la maturation des structures les plus complexes du système nerveux et de la mise en place, sinon de l'essai, des programmes genétiques qui devront être utilisés à la naissance. Dans la période post-natale et même chez l'adulte, compte tenu des modifications plastiques importantes entraînées par l'apprentissage au niveau des synapses et du rôle de certaines glandes endocrines dans la modification du génome, on conçoit qu'il soit nécessaire qu'une organisation ou une réorganisation des programmes instinctuels complexes ait lieu. Il est évident que cette réorganisation génétique qui met en jeu les motoneurones ne peut s'effectuer alors qu'en circuit fermé, afférences et efférences bloquées et au cours du sommeil. Il apparait en effet logiquement impossible qu'une telle programmation puisse s'effectuer au cours de l'éveil, alors que la majorité des neurones moteurs et des circuits intégratifs corticaux sont soumis à l'influence des événements épigénétiques"
Cette programmation (qui pourrait être assimilée à un apprentissage endogène), renforcerait ou effacerait les traces de l'apprentissage épigénétique survenant au cours de l'éveil.
Le cerveau crée au monde virtuel convaincant dans lequel on peut percevoir différents types de menaces et mettre en pratique des comportements adaptés à ces dangers. Moyen d'explorer et d'imaginer des simulations d'interactions sociales. les rêves auraient contribué au sucés de nos ancêtres sur le plan de la survie et de la reproduction en forçant les compétences sociales pendant leur temps de sommeil. en ce sens, le sommeil pourrait être considéré comme une fonction cérébrale automatique qui permet, d'une certaine manière, de mettre en pratique des comportements adaptés, ainsi qu'on le ferait intentionnellement par des techniques de visualisation pendant le temps d'éveil
Très schématiquement, les mécanismes du rêve peuvent être décomposés en quatre éléments principaux. Le premier est capItal., car il explique les trois autres. Il est caractérisé par un état d'excitation intense de la majorité des neurones cérébraux, y compris les neurones moteurs. Un tel état d'excitation généralisée d'origine endogène nécessite d'une part l'existence d'un "pace maker" et d'autre part d'un mécanisme de blocage des efférences motrices: Nous rêvons que nous courons mais notre corps reste inerte car il est paralysé. Enfin une telle paralysie ne peut survenir qu'au cours du sommeil.
Le rêve s'accompagne donc d'un état d'excitation centrale très important, un veritable orage cérébral, au cours duquel des enregistrements par micro électrodes démontrent que les cellules nerveuses présentent une excitation analogue à l'état d'éveil le plus intense. Les neurones cérébraux dans leur majorité (70 à 80 %) sont alors soumis au rythme de l'activité PGO qui dépend du "pace maker" situé au niveau de la partie dorso-latérale du tegmentum pontique comprenant le complexe des noyaux locus coeruleus et subcoeruleus riches en neurones catécholaminergiques et cholinergiques. Les neurones moteurs oculaires sont les seuls à déclencher une activité musculaire en réponse à l'activité PGO. Cependant, les neurones moteurs pyramidaux et extrapyramidaux n'échappent pas à l'influence excitatrice de ce "pace maker", comme le démontre l'intense activité unItal.re recueillie au niveau du faisceau pyramidal ou au niveau de certains relais extrapyramidaux comme le noyau rouge. On conçoit alors que deux mécanismes aient été développés au cours de l'évolution pour que l'activité onirique puisse apparaître : un mécanisme de blocage des efférences motrices et l'étape préparatoire du sommeil lent.
Le mécanisme très puissant de blocage des efférences motrices s'exerce au niveau de la voie finale commune (motoneurones spinaux). Ce mécanisme déclenché par la région caudale du complexe des noyaux locus coeruleus et subcoeruleus commande ainsi l'atonie totale des muscles selon des mécanismes complexes encore mal élucidés. Ainsi l'activation même la plus intense des neurones pyramidaux ou extrapyramidaux ne peut entraîner de mouvement (mis à part les mouvements oculaires et quelques décharges phasiques des muscles distaux) et ne risque pas de déplacer ou de réveiller le rêveur. Les neurones responsables du mécanisme de blocage sont très proches mais cependant distincts des neurones responsables des processus d'excitation interne du cerveau au cours du sommeil paradoxal. Cette disposition permet leur destruction sélective (fig. 6).
Ainsi, si la connaissance et l'analyse du contenu subjectif des rêves des chats nous sont à jamais interdits, il est devenu maintenant possible de démasquer et d'étudier objectivement le comportement "onirique" d'un chat. En effet, si l'on supprime sélectivement le mécanisme d'inhibition active qui s'exerce sur les efférences motrices, par des lésions électrolytiques de la région caudale du complexe des noyaux locus c&brkbar;ruleus, rien n'empêche plus alors l'extériorisation motrice du rêve. On assiste alors, périodiquement au cours du sommeil, à des épisodes spectaculaires. Les chats présentent pendant quelques minutes des comportements de type hallucinatoire. Ils chassent des souris ou se défendent contre des prédateurs imaginaires. Rage, agression, défense, tel est le répertoire onirique habituel du chat. Il ne peut s'agir d'éveil car les signes oculaires (myosis intense et rétraction des membranes nictitantes) sont pathognomoniques du sommeil profond ou du sommeil paradoxal. En outre, les animaux ne réagissent pas aux stimuli visuels ou auditifs qui leur sont présentés. Enfin ces épisodes sont supprimés par les mêmes drogues qui suppriment le sommeil paradoxal (comme les inhibiteurs des monoaminoxydases). Ces comportements stéréotypés d'une durée de 5 à 6 minutes se terminent en général par un éveil brusque, caractérisé par une subite dilatation pupillaire, et le retour secondaire au calme de l'animal, qui se rendort. Si l'on admet que ces comportements représentent l'expression motrice de l'excitation des systèmes pyramidaux et extrapyramidaux par le "pace maker" pontique, on doit penser que cette stimulation endogène ne met pas en jeu au hasard des circuits neuroniques et que cette excitation traduit donc l'expression d'un programme, d'un projet sinon d'un instinct.
le sommeil paradoxal permettrait à une information contenue dans les gènes qui sera traduite dans les circuits neuronaux nécessaires au comportement inné de l'espèce
Mouvements des bébés en sommeil agité: mimiques faciales universelles. Le bébé répèterait dans le sommeil paradoxal des comportements de communications
Le sommeil paradoxal permettrait la mise en place des circuits nerveux programmés génétiquement et nécessaires à l'expression des comportements innés de l'espèce
Stabilisation des synapses à l'origine du comportement spécifique des espèces
Le sommeil paradoxal pourrait être responsable de la programmation génétique des comportements innés et de la part héréditaires de notre personnalité
Comportements de bagarre, sursaut, menace, fuite
Langage négatif, affirmation de soi
Sommeil paradoxal: préservation de l'intégrité, des caractéristiques intrinsèques de l'espèce. On évolue au cours de la journée et le sommeil paradoxal serait là comme un bouton reset.
Spinoza: l'effort de persévérer. L'effort d'un être pour se conserver, c'est le premier et unique fondement de la vertu (L'Ethique IV, 22). Injonction que celle-ci se poursuive de manière permanente dans l'avenir.
Bases neuronales de l'empathie. Outre les neurones du cortex temporal répondant à l'expression des émotions, l'intentionnalité d'action, nous connaissons la contribution importante du système limbique dans les bases neuronales des émotions positives, "vers l'autre" (désir, motivation) ou bien négatives "contre l'autre" (colère). Des ensembles de neurones et NT disctincts.
"Un rhizome ne commence et n’aboutit pas. Il est toujours au milieu, entre les choses, inter-êtres, intermezzo. L’arbre est filiation mais le rhizome est alliance, uniquement d’alliance. L’arbre impose le verbe être mais le rhizome à pour tissu la conjonction « « Et et et » . Il y a dans cette conjonction assez de force pour secouer, déraciner le verbe être. Où allez vous, d’où partez vous, où voulez vous en venir sont des questions bien inutiles. Faire table base, partir ou repartir à zero, chercher un commencement, un fondement implique une fausse conception du voyage et du mouvement. Méthodique, inititiatique symbolique. Kleist ou Buchner ont une autre manière de voyager comme de se mouvoir. Partir au milieu, par le milieu. Entrer et sorter et pas commencer ni finir "
Arborescence trop instituée. Trop grande présence du tronc. Immobilisme. Qui suppose que le tronc est premier. Processus fou. Concept de la rivière
Connectivité cerveau. Incapable d’assigner une origine, une finalité. C’est qqchose qui se déploit entre. C’est dans des fentes, les fentes synaptiques que s’installe la pensée, que coule la pensée selon des rythmes, des vitesses, selon un rythme.
Spécificité du rhizome : vitesse horizontale